_Ronde de Nuit_
"- euh, on ne paye pas vraiment d'impôts, monsieur,
rectifia Cogite en lui courant après. Tels que nous fonctionnons,
nous promettons de payer des impôts si la ville nous le
demande un jour, du moment que la ville promet de ne jamais
le demander, monsieur."
_Procrastination_
Certains feraient n'importe quoi pour voir si c'est possible
de le faire. Si on installait un commutateur dans une caverne
n'importe où, puis qu'on le flanquait d'un écriteau
disant "commutateur de fin du monde. PRIERE DE NE PAS
TOUCHER", la peinture n'aurait même pas le temps
de sécher.
_Nobliaux et Sorcières_
- (...) tenez vous savez cette fille?
- Quelle fille?
- La fille que vous deviez épouser.
- Comment vous etiez au courant?
- Vous avez parlé d'elle juste après le déjeuner.
- ha bon? J'avais qu'à faire gaffe. Bon qu'est-ce qu'elle
a?
- Eh bien... d'une certaine façon vous l'avez quand même
épousée ", repondit Giamo Casanabo.
Mustrum Ridculle secoua la tête. " Nan. j'en suis
a peu près sûr. Ces trucs-là, ça
s'oublie pas.
- Ah, mais pas dans cet univers-ci..."
(...)
"vous insinuez que j'ai fait un saut dans un autre univers
pour me marier? fit Mustrum Ridculle
- Non! Je veux dire que vous vous êtes marié dans
cet autre univers mais pas dans le nôtre, expliqua Giamo
Casanabo.
- Ah bon? Quoi? une vraie cérémonie et tout?
- Oui !
- Hmm." Mustrum Ridculle se caressa la barbe. " Vous
êtes sûr?
- Certain, (...) .
- Ma parole! J'en savais rien." Giamo Casanabo sentit qu'il
faisait des progrès. " Alors...
- Oui?
- Pourquoi je m'en souvient pas ?"
Giamo Casanabo s'était préparé à
une telle objection :
- "Parce que le "vous" de l'autre univers est
différent du "vous" de celui-ci, repondit-il.
C'est un "vous" différent qui s'est marié.
Il vit sans doute quelque part. Il est sans doute grand-père
maintenant.
- Il écrit jamais, ça je peux l'dire, fit Mustrum
Ridculle. Et ce salaud-là m'a jamais invité à
la noce.
- qui ça?
- Lui .
- Mais c'est vous!
- Ah oui? huh! J'aurais tout d'même pu penser à
moi , non? quel salaud!
_Père Porcher_
* "C'est étonnant comme les gouvernements s'y entendent,
étant donné leurs résultats dans presque
tous les autres domaines, pour étouffer des affaires
comme les rencontres avec des extraterrestres. Peut-être
que les extraterrestres sont eux-mêmes trop gênés
pour en parler.
On ignore pourquoi la plupart des espèces de l'univers
qui voyagent dans l'espace tiennent à farfouiller dans
les sous-vêtements terriens comme prélude à
un contact officiel. Mais des représentants de plusieurs
centaines d'espèces se sont mis à rôder,
à l'insu les uns des autres, dans des campagnes reculées
de la planète et, suite à ça, kidnappent
à tire-larigot d'autres prétendus kidnappés.
Certains se sont à vrai dire fait kidnapper tandis qu'ils
attendaient de procéder au kidnapping de deux autres
extraterrestres sur le point de kidnapper les extraterrestres
qui, suite à des ordres compris de travers, voulaient
mettre du bétail en cercle et mutiler des cultures.
La planète Terre est désormais interdite à
toutes les espèces extraterrestres jusqu'à ce
qu'elles puissent comparer leurs notes et savoir combien elles
ont réellement enlevé d'humains. Elles se demandent,
hélas, s'il n'y en a pas qu'un seul. Gros, poilu et affublé
de très grands pieds.
La vérité est peut-être ailleurs, mais les
mensonges sont dans la tête."
Du point de vue de Planteur, tout ce qui à
un moment donné a fait partie d'un cochon, ou s'est trouvé
a proximité voire à portée d'oreille d'un
cochon, a droit à l'appellation de porc.
_Les Zinzins d'Olive-Oued_
"Ankh-Morpork vibre et déborde réellement
d'une vie pleine d'entrain. Et c'est la vérité,
quand bien même ce sont les poètes qui l'affirment.
Mais les non-poètes de répliquer : Et alors ?
Les matelas aussi débordent souvent de vie et personne
ne leur consacre des odes."
_Le huitième sortilège_
« Il est possible de poignarder un troll, mais la technique
requiert de la pratique et personne n'a jamais eu l'occasion
de pratiquer plus d'une fois. »
_Trois soeurcières_
Le fleuve Ankh : "Même un agnostique peut le traverser
à pied."
_Pyramides_
Le fleuve Ankh : "un nénuphar posé dessus
ne ferait que s'y dissoudre. On le qualifiait de liquide lors
de sa traversée d'Ankh-Morpork (un million d'âmes)
uniquement parce qu'il se déplaçait plus vite
que les terrains riverains."
_La Huitième Couleur_
"Tout le centre de Morpork était désormais
livré aux flammes, et les citoyens plus riches et plus
honorables d'Ankh, sur la rive d'en face, affrontaient bravement
la situation en démolissant frénétiquement
les ponts."
_Le Dernier Continent_
"- une fois, il y en a un qui s'est ouvert tout seul dans
une des caves, un trou rond tout noir. Tout ce qu'on mettait
dedans disparaissait. Alors l'archichancelier Ciredutemps a
fait bâtir des cabinets par-dessus.
- pas bête comme idée [...]
- on a trouvé aussi, jusqu'à ce qu'on decouvre
l'autre qui s'etait ouvert dans le grenier. C'etait l'autre
côté du même trou. Pas besoin de vous faire
un dessin, je pense"
_Zinzins d'Olive-Oued_
"Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qu'il
s'est passé.
_Père Porcher_
L'univers agit manifestement dans l'intérêt de
l'humanité.
Ce que démontre aisément le soleil qui se lève
commodément le matin, au moment où on est prêt
à démarrer la journée.
Combien de gars se sont arrêtés de
boire comme des trous à l'âge de vingt
ans pour empêcher un inconnu de mourir d'une cirrhose
à l'âge de quarante ?
_Les Tribulations d'un Mage en Aurient_
Il se passait des tas de choses à l’Université
de l’Invisible et, malheureusement, l’enseignement
en faisait forcément partie. La faculté s’était
depuis longtemps attaquée à la question et avait
mis au point diverses techniques pour y échapper. Mais
ce n’était pas un problème parce que, pour
être juste, les étudiants avaient agi de même.
Le système fonctionnait plutôt bien et, comme
il arrive souvent dans ces cas là, avait pris valeur
de tradition. Les cours avaient manifestement lieu puisqu’ils
figuraient noir sur blanc dans l’emploi du temps. Le
fait que personne n’y assistait était un détail
secondaire. On soutenait à l’occasion que les
cours n’existaient pas, mais personne ne s’y rendait
jamais pour le vérifier. De toute façon, avait
on avancé (en l’occurrence le lecteur de pensée
embrouillée*), les cours avaient lieu en essence, tout
était donc pour le mieux. En matière d’instruction, l’Université
pratiquait donc l’ancestrale méthode qui consistait
à mettre des tas de jeunes gens dans le voisinage d’un
tas de livres en espérant que quelque chose passerait
des uns aux autres, tandis que les jeunes gens se mettaient
dans le voisinage d’auberges et de tavernes pour exactement
les mêmes raisons.
On était en milieu d’après-midi. Le titulaire
de la chaire des études indéfinies donnait un
cours dans la salle 3B, donc sa présence endormie devant
le feu de la salle Peu Commune était un détail
technique sur lequel le tact interdisait d’émettre
le moindre commentaire.
Ridculle lui flanqua un coup de pieds dans les tibias.
"Ouille !
--Pardon de vous interrompre, titulaire, fit Ridculle pour
la forme. Que les dieux me viennent en aide, faut que je réunisse
le conseil des mages. Où sont-ils tous ?"
Le titulaire des études indéfinies se massa
la jambe. "Je sais que l’assistant des runes modernes
donne un cours dans la salle 3B**, dit-il. Mais je ne sais
pas où il est réellement..."
*Ce qui est comme la logique floue,
mais en moins bien.
**Tous les cours virtuels avaient lieu dans la salle 3B, une
salle non seulement introuvable sur les plans de l’Université
mais aussi, pensait-on, aux dimensions infinies.
La voix de la raison s’aperçut que, si elle ne
se méfiait pas, elle allait finir aussi morte que le
reste de Rincevent.
Les mains de Rincevent, elles aussi conscientes qu’elles
allaient vivre des moments extrêmement passionnants et
très brefs à moins de prendre les affaires en
elle même, se tendirent lentement...
"Pourquoi on les invite pas tous à dîner
pour les massacrer quand ils seront soûls ?
-- T’as entendu ce qu’il a dit. Y’en a sept mille.
-- Ah ? Alors faut prévoir un menu pas compliqué
avec des nouilles."
"Avec lui dans le secteur, même l’incertitude
est incertaine. Et je n’en suis même pas sûr."
Il s’agissait d’un minuscule morceau
de matière qui naquit brusquement du néant.
La Mort se rendit d’un pas raide au point d’arrivées
et regarda attentivement.
Un trombone*.
Bon c’était déjà un début.
Il y eut un autre léger bruit sec, et un petit bouton
de chemise blanc se mit à tournoyer tranquillement dans
le vide.
*Beaucoup de gens pensent qu’il
aurait dû s’agir d’une molécule d’hydrogène,
mais les faits observés contredisent pareille idée.
Quiconque a jamais trouvé un fouet à œufs
jusque-là inconnu bloquant un innocent tiroir de cuisine
sait que la matière brute se déverse en permanence
dans l’univers sous des formes relativement développées,
lesquelles apparaissent en général dans les
cendriers, les vases, les boîtes à gants. Elle
choisit son aspect de façon à ne pas éveiller
les soupçons ; parmi ses manifestations les plus communes,
citons les trombones, les aiguilles d’emballage de chemise,
les petites clés de radiateur de chauffage central,
les billes, les bouts de crayons, les pièces mystérieuses
de divers ustensiles pour hacher les fines herbes et les vieux
albums de Kate Bush. Les raisons qui poussent la matière
à agir ainsi restent obscures, mais il est évident
qu’elle a des idées derrière la tête.